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B i o g r a p h ie

Patrice Fouillaud

 

 

Amoureux du timbre, Fouillaud déploie toute son inspiration à travers une matière instrumentale et orchestrale qu’il traite, à la façon d’un peintre, par touches soulignées de lumière. Celle-ci, dans sa dimension solaire, possède chez ce créateur la réalité d’un véritable objet sonore, l’accord de si majeur – appelé par lui « si de lumière » -, qui illumine sa page la plus dramatique, Souviens-toi, pour orchestre (1994).

Cette passion pour les variations et les chatoiements infinis d’une lumière allant se couchant, une poétique du Naturlaut, la « voix de la Nature » chère à Gustav Mahler, ainsi qu’une prédilection pour des harmonies nocturnes sont, de fait, les traits caractéristiques fondamentaux de la musique de Fouillaud, particulièrement manifestes dans Langsam, pour piano et petit orchestre (1985), Huit Préludes symphoniques, pour quatuor à cordes et grand orchestre (1989), Au-delà des horizons expansibles, pour guitare électrique et orchestre (1991), Souvenir du présent, pour hautbois, orchestre à cordes, harpe et clavecin (1993).

Le langage de ce créateur atonal est donc placé tout entier dans le registre expressif, sa musique obéit à une intériorité de la nuit régie par une attention sans failles à l’écriture et par un incoercible amour du métier artisanal. Là tout n’est qu’ordre, tendresse, mélancolie et volupté. Là s’impose l’esthétique du nocturne, révélée par le choix des titres. Là se complaît une sensualité sonore « impressionniste », où la Nature tient une place des plus importantes : que ce soit un chant d’oiseau, dans le thrène désolé qu’est Souviens-toi, pour orchestre 1994), un soleil couchant, dans Crépusculaire, pour sept altos (1984), un parfum, dans Comme un parfum de mûres sauvages, pour piano (1993), ou encore un matin d’hiver, dans Prélude inachevé pour un matin d’hiver, pour orchestre (1990).

Raffinement et sensibilité caractérisent ainsi les œuvres de ce musicien aimant le mystère ( Vers un espace déchiré, pour grand orchestre, (1985), les éclairages à la Turner (Vers l’aube, pour petit orchestre,1985), les résonances et les vibrations sonores subtiles (Sonate pour piano 1979), et que la nostalgie et la contemplation colorent (Preludio alla notte, pour neuf instruments, 1982 ; Méditation II, pour flûte en sol, 1985 ; Le Bel Hautbois dormant, pour hautbois et piano, 1997).

Portant un soin particulier à la dimension harmonique, souvent modale chez lui, aux articulations et transitions, aux détails organiques et structurels de son marériau sonore – il a même donné à sa préoccupation le titre d’une œuvre : Picture’s Detail, pour violoncelle et piano, 1985) -, mais aussi aux gestes musicaux archétypaux venus de notre passé – Concert pour harpe, guitare et petit orchestre (1987), se souvient ainsi du concerto grosso -, Patrice Fouillaud, tout naturellement, ne se réclame d’aucune chapelle, d’aucune esthétique particulière. Et s’il use parfois de la tonalité, c’est uniquement comme d’une couleur supplémentaire à sa palette et jamais pour sacrifier aux goûts du jour. Car l’attitude néo-classique est tout à fait étrangère à ce compositeur, qui recherche avant tout, au travers de l’homogénéité du discours musical, sa propre vérité.

Extrait de l’ENCYCLOPEDIE UNIVERSALIS Edition 2009

Fouillaud Patrice

Article écrit par Alain FERON

 

 

Etudes Musicales et diplômes supérieurs (1er Prix et Prix d’Excellence) au Conservatoire National de Limoges: Flûte traversière avec Jacques Honorat, Musique de Chambre avec Bernard Hennequin.

1er prix du concours Léopold Bellan.

Après  des activités d'enseignement dans le secondaire, de chef de chœur et de professeur de flûte traversière au sein de la ville de Saint Junien (87), il effectue  un stage de composition musicale à l’Académie Chigiana de Sienne en Italie. Franco Donatoni l’invite alors à suivre ses cours de perfectionnement à l’Académie Sainte Cécile de Rome où il restera deux ans et sortira diplômé d’un Premier Prix de composition musicale avec son œuvre « Polyphonies d’Exil » en 1981.

 

  Nommé Directeur du Conservatoire de Villeneuve le Roi en 1982, il obtient le Prix SACEM des Jeunes Compositeurs en 1985.

 

   Les œuvres de Patrice FOUILLAUD ont été crées par les Ensembles les plus divers tels : 2E2M, ARS NOVA, ITINERAIRE, ALTERNANCE,  QUINTETTE de BUENOS-AIRES, QUATUOR DIOTIMA, ENSEMBLE DENOJOURS, NUOVE FORME SONORE, MUSICA D’OGGI, ENSEMBLE ARTEDIE, ENSEMBLE HOPE.

 

  Les orchestres : Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio-France, Orchestre Philharmonique de Lorraine, Orchestre Symphonique Régional du Limousin, International Chamber Ensemble, Orchestre Régional du Centre, Les Solistes de Sofia.

 

  Les Solistes : Guy Deplus, Françoise Pollet, Marie Kobayashi, Jacqueline Méfano, Anne Bartelloni, Philippe Muller, François Bou, Loïc Mallié, Christophe Desjardins, Daniele Roccato, Marco Ciccone, Rafaël Andia, Thierry Mercier, Stéphane Part, Marc Honorat, Brigitte Sylvestre, Jan Orawiec, Marco Quesada, Marianne Muller, Daniel Kientzi, Gérard Caussé, Pierre-Yves Artaud, Jean-Luc Menet, Thierry Miroglio, François Veilhan, Marc-Antoine Millon.

 

  Les Chefs : Farhad Mechkat, Philippe Nahon, Teresa Ida Blotta, Jacques Houtmann, Alain Louvier, Paul Méfano, Hikotaro Yazaki, Guy Condette, Edgar Alandia, Dario Indrigo, Francesco Carotenuto, Marcello Panni, Emile Tabakov, Luca Pfaff, Alicia Terzian, Alexandre Jung.

 

  Les Festivals : Festival « PRESENCES » de Radio-France, Rencontres Internationales de Metz, Rencontres Internationales d’Orléans, Festival d’Angers, Midem de Cannes, Festival « Nuove Forme Sonore » de Rome, Festival BBK de Bilbao, Festival Bach de Toul, et dans des villes comme Rome, Paris, Orléans, Limoges, Angers, Milan, Montréal, Tokyo, Brème, La Rochelle, Varsovie, Crotone, Berlin, Buenos-Aires, Saverne, Toul.

 

  Ile de France Opéra et Ballet lui commande un opéra : «  C’est la faute à Werther »

Il reçoit également une commande pour Orchestre Symphonique, par le Ministère de la Culture en 1994 pour le cinquantième anniversaire du massacre d’Oradour sur Glane.

Plusieurs de ses œuvres ont fait l’objet de commande du Ministère de la Culture ou de

Radio-France, notamment les œuvres pour Grand-Orchestre.

 

  Patrice FOUILLAUD est cofondateur de l’Ensemble ARTEDIE.

Il est invité également à plusieurs émissions de radio, Radio-France, France-Musique, France-Culture, Radio-Protestante, Radio-Soleil, FR3 Orléans.

 

Radio-France lui commande une œuvre pour l’émission « Alla Breve ».

 

  Les Œuvres de Patrice FOUILLAUD sont éditées aux Editions Durand (47), aux Editions Tutti-Scores et aux Editions François Dhalmann.

 

DISCOGRAPHIE :

 

CD  MUSIDISC : Ensemble 2 E2M, Direction Paul MEFANO (581249)

CD DAPHENEO: Ensemble ARTEDIE, Direction Teresa Ida BLOTTA (A902)

CD DAPHENEO : Les œuvres pour piano, par Marco CICCONE (A1001)

CD QUANTUM : Trois œuvres pour orchestre, Orch. Phil. Radio-France (QM 7074)

 

  Alain Féron dans l’Encyclopédie Universalis écrit :

« Raffinement et sensibilité caractérisent ainsi les œuvres de ce musicien aimant le mystère, les éclairages à la Turner, les résonances et les vibrations sonores subtiles, que la nostalgie et la contemplation colorent. »

Dates et rencontres marquantes

 

  Dans les années 1978 à 1981 rencontres avec Marius Constant, Paul Méfano, Philippe Nahon. Parrainé par Marius Constant, je suis découvert par Paul Méfano, et  lié depuis par une grande amitié qui ne s’est jamais démentie. Marius Constant programme mon œuvre « Musique pour une danseuse aux yeux noirs » pour ensemble de cuivres et deux harpes dirigés par Philippe Nahon aux Théâtre des Bouffes du Nord, pendant que Paul Méfano met à son  programme du Théâtre du Ranelagh dans le cadre du 6ème « Printemps Musical de Paris » dirigé par Antoine Goléa, « Le bar aux oiseaux » sur un poème de Denise Le Dantec, dirigé par Marcello Panni. C’est là que je rencontre Antoine Goléa qui me prédit un bel avenir musical. Depuis, d’autres œuvres verront le jour avec l’ensemble 2E2M et l’ensemble Ars Nova, concerts et CD monographiques. Une amitié s’installe alors avec le chef d’orchestre Philippe Nahon jusqu’à ce jour.

 

  Pendant toute cette période et un peu avant, c’est la rencontre fondamentale avec Franco Donatoni d’abord à Sienne à l’Académie Chigiana en 1978 puis à Rome en 1979. C’est la période italienne de deux années avec « Musique pour flûte, contrebasse et 4 claviers » 1980 et « Polyphonies d’exil » 1981.

C’est aussi la découverte du livre de Pierre Boulez « Penser la musique aujourd’hui ».

C’est également l’écriture plus tard en 1984 de « Vers un espace déchiré » dédié à Franco Donatoni. L’apport de Franco Donatoni a atteint pour moi toute sa valeur dans le domaine de l’articulation, de l’architecture sonore, de la maîtrise de l’évolution et prolifération du matériau. D’autre part, la connaissance de soi-même par la musique comme thérapie et méditation, fut sinon une révélation, du moins un pan irréversible de ma pensée musicale principalement durant ces années. Par la suite, déjà ne faisant pas partie des « donatonini », l’évolution de ma pensée musicale évoluera vers d’autres horizons, comme le temps augustinien, et l’écriture suivra le même tracé, sorte de chemin de traverse, d’échappatoire aux diktats sériels ou formalismes excessifs.

 

  C’est un peu plus tard dans cette période que je rencontre mon éditeur et ami Jean-Manuel de Scarano qui refonde les éditions Durand. Quarante-sept de mes œuvres y seront éditées.

 

  Parallèlement, en 1983, je suis nommé directeur du conservatoire de Villeneuve le Roi. Je dois dire ne pas y avoir fait de rencontres fondamentales, à part le maire de l’époque Pierre Martin qui avait un discours très argumenté sur l’Ecole de Vienne, ainsi que le compositeur Eric Fischer, passionné de Berlioz et de Bela Bartok.

  Mais : avoir initié avec courage des pédagogies personnelles m'a procuré un réel sens du partage dans les rapports humains, me situant à ce moment-là dans une micro société qui est bien celle de l’école de la vie.

 

  En 1983, j’écris le trio « D’une rumeur nocturne » pour flûte, piano et percussion, dédié au trio « Densité 5 »  d’Angers fondé par Marc Honorat. C’est Roger Tessier alors directeur du Festival d’Angers (ami depuis,) qui décide en 1984 de programmer cette œuvre, qui sera entièrement bissée par le public. A la flûte il y avait Marc Honorat, au piano Jacqueline Méfano, et à la percussion Michel Massé.

 

  Des œuvres verront le jour durant toutes ces années, notamment les œuvres pour orchestre, mais aussi des œuvres de musique de chambre,  septuors, sextuors, quintettes, quatuors, trios, solos.

 

  La rencontre avec le flûtiste Jean-Luc Menet fut en ces années 1980 des plus riches : créateur de l’Ensemble Alternance, il  programme « Vers l’aube » pour petit orchestre, dirigé par Luca Pfaff au festival de Charleville-Mézière en 1985. C’est à cette occasion que j’ai rencontré le compositeur André Boucourechliev, et le maître verrier René Dürrbach, créateur des vitraux de la Cathédrale de Charleville-Mézière. Homme d’une grande culture, René Dürrbach rejetait le concept de volume en art.

 

  Autre rencontre importante fut celle avec Alain Bancquart alors directeur des « Perspectives du XXème siècle» qui me commande pour Radio-France « Vers un espace déchiré » en 1986 pour grand orchestre. C’est dans cette œuvre, qu’apparaîtra pour la première fois l’emploi de la note Si et ses harmoniques comme un faisceau lumineux et qui ne me quittera jamais : le Si de lumière. Franco Donatoni était présent avec une œuvre pour Grand-Orchestre « The Heart's Eye ».

Le concert de l’après-midi, le même jour comprenait ma pièce pour violoncelle et piano « Pictures details » jouée par Philippe Muller au violoncelle et mon fidèle et excellent ami François Bou au piano.  

 

  J’ai également bénéficié d’une commande de Radio-France, « Huit préludes symphoniques » en 1986 pour quatuor à cordes et grand-orchestre dirigé par Ikotaro Yasaki, avec le quatuor Prat, ce qui a permis un échange fructueux avec Yves Prin, alors directeur artistique des « Perspectives du XXème siècle », (actuellement dénommé « Festival Présences ».)

 

  Une rencontre et amitié fut celle avec Alain Féron, compositeur, critique et écrivain, avec lequel s’instaure dans ces années des réflexions d’un grand intérêt sur l’esprit critique et analytique. C’est Alain Féron, alors chargé de programmation de concerts à Radio-France et directeur artistique des « Perspectives du XXème siècle » qui me commande pour l’Ensemble Denojours « Concert pour harpe, guitare et petit orchestre » en 1987. C’est Alain Féron qui écrit également un article essentiel sur mon esthétique musicale dans l’Encyclopédie Universalis.

 

  « Se trouver en même temps au même endroit » c’est le qualificatif que je donnerais de la  rencontre en 1982 avec mon ami de toujours, Philippe Legrandgérard, compositeur, que je suivrai en Italie à Rome où sa pièce « Angoisses matinales » fut crée en 1993 par l’ensemble « Nuove Forme Sonore » dirigé par Edgar Alandia, (autre personnalité marquante, compositeur, élève avec moi aux cours de l’Académie Sainte-Cécile de Rome, qui fût le commanditaire du double quatuor : "Prélude inachevé à un matin d'hiver".) C’est à ce concert que je rencontrerai la femme de ma vie, l’éternelle bien-aimée, en la personne de Teresa Ida Blotta, cheffe d’orchestre et compositrice. Compagne de route et épouse, c’est à elle que je dois de m’avoir perfectionné dans la maîtrise de la direction d’orchestre. La gestuelle que j’avais acquise en qualité de chef de chœur n’est pas tout à fait la même que celle de chef d’orchestre avec l’apport justement, du rôle expressif de la baguette. Mais bien plus, ce sont nos conversations qui ont émaillé tout un pan de ma vie avec elle, en portant une attention particulière à ses propres réflexions impliquant des phénomènes de logique, principalement en matière de composition musicale, mais également en évoquant d’autres sujets passionnants sur l’art, la politique, les mythologies, la nature, le cinéma, ou tout simplement concernant nos lectures. Elle porte toujours une attention particulière à ma musique qu’elle a souvent dirigée et enregistrée.  En fait il s’agissait dans notre esprit de vivre notre histoire en mode de variations infinies dans un continuum organisé et codifié de manière intuitive.

 

  En 1992 je suis  programmé aux « Vingtièmes Rencontres Internationales de Metz »  avec mon œuvre pour guitare électrique et orchestre « Au-delà des horizons expansibles » (commande du Ministère de la Culture) crée par le guitariste Marco Quesada et l’Orchestre Symphonique de Lorraine dirigé par Jacques Houtmann, ce qui me permit de rencontrer Claude Lefebvre, alors directeur du festival.

 

  Mon ami Stéphane Part, hautboïste à l’Orchestre Philharmonique de Radio-France fera la création de « Souvenir du Présent » (titre en référence au livre de Vladimir Jankélévitch : « La musique et l’ineffable ») qui lui est dédiée. La création eut lieu durant les « Semaines Internationales d’Orléans » en 1994 où j’ai eu la chance de rencontrer Francis Miroglio qui programma trois  de mes œuvres : d’abord « Crépusculaire » pour 7 altos dirigés par Gérard Caussé (1987), ensuite « Quintette pour le temps qui passe » (1989), avec le quatuor de Buenos Aires dirigé par Alicia Terzian, et enfin « Souvenir du présent » (1994), par Stéphane Part, hautbois, et l’Orchestre Régional du Centre dirigé par  Lionel Fédrigo.

 

  Puis, une commande de Jacques Toubon, alors Ministre de la Culture fera naître « Souviens-toi », œuvre orchestrale pour la commémoration du cinquantenaire du massacre d’Oradour sur Glane en 1994, avec l’Orchestre Symphonique Régional du Limousin conduit par Guy Condette. Une autre collaboration verra le jour avec le même orchestre et la cantatrice Françoise Pollet quatre ans après avec  « Oaristys ».

 

  Mon quatuor à cordes « A partir du moment » fut crée en deux fois (d’abord le premier mouvement et ensuite dans sa totalité) par le quatuor Diotima sous l’impulsion de René Bosc en 2000, alors directeur du « Festival  Présences » de Radio-France.  Sur mes 87 opus, je mentionne ce moment marquant pour définir  l’importance considérable que peut représenter l’écriture d’un quatuor à cordes pour un compositeur.

 

  Une autre rencontre d’une grande qualité est celle avec mon ami le musicien et poète Lucien Guérinel. Nous nous sommes rencontrés lors d’une séance plénière à la SACEM, et nous partageons les mêmes centres d’intérêt, le même goût pour l’art en général, les mêmes critiques et colères véhémentes contre tout ce qui nous offusque ou nous déconcerte. C’est l’écriture en 2018 d’une œuvre pour voix de ténor et piano sur son poème : «  Pour qui la nuit ? »

 

  Parmi mes excellentes rencontres des musiciens et artistes du passé, je fais d’abord une place à Jean-Sébastien Bach, mais pas seulement, même si sa présence est perpétuelle en moi. D’autres ont aussi une place prépondérante dans ma pensée et mon évolution artistique. Je pense à Guillaume de Machaut, les polyphonistes de l’Ecole Saint-Martial de Limoges, les musiciens de la Renaissance italienne, puis Monteverdi, Heinrich Schutz, Henry Purcell, les musiques du Grand-Siècle, Couperin.

C’est aussi la peinture italienne avec Le Caravage, Vinci, Bellini, ou en France avec De La Tour. La sculpture, avec Cellini, Canova ou Bernini.

 

  Vient ensuite le baroque avec Lully et Rameau puis le classicisme pour lequel j’ai toutefois moins d’attirance, si ce n’est les quatuors à cordes qui atteignent leur perfection avec  Mozart et  Haydn.

La musique romantique pour moi se focalisera longtemps par l’intérêt que je porte à Beethoven, d’abord pour son universalité intrinsèque, comme pour la spiritualité chez Bach. Je ferai aussi une place à Schubert pour ses lieder et ses quatuors à cordes, ainsi que Mendelssohn, Brahms, Schumann.

Par la suite, la lecture de « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust et la rencontre avec la peinture de Gustave Moreau, se confondront avec la découverte de Gustav Mahler, musicien d’une force presque démoniaque qui pousse à son paroxysme la force émotionnelle de la musique, (Art Majeur entre tous).

  Et plus tard ce sera la découverte d’Anton Bruckner, qui atteindra le sommet de la musique tonale dans des dimensions jamais atteintes.

Berlioz, qui tel un pur esprit compose dans des dimensions idéales de grandeur. Je n’oublie pas non plus Moussorgski et Jean Sibélius.

 

  L’Ecole de Vienne avec surtout Anton Webern sera une référence non seulement pour moi mais pour toute une génération de musiciens.

Puis viendront Debussy, Ravel, Chausson, le sculpteur Rodin et Victor Hugo pour « La Légende des siècles » ainsi que Vigny pour la poésie,  Turner, Carl David Friedrich, Fuzlii, ou encore Signac, Hubert Robert, pour la peinture.

 

  Après 1950, pour revenir à notre époque contemporaine, je peux citer  des compositeurs pour lesquels j’ai eu un grand intérêt, je pense à Ligeti, Boulez, Méfano, Donatoni, Scelsi, Xénakis, les minimalistes américains, Morton Feldman, et les répétitifs américains, Phil Glass, Steve Reich dont je dirigerai « Sex pianos ». Le poète René Char dont je mettrai en musique le poème  « Nous avons recensé la douleur » tiré de « Fureur et mystère ». Denise Le Dantec, avec son poème « Le Bar  aux oiseaux ».

 

  Plus près de nous, en 2014, je fais la connaissance de Pascal Vigneron, organiste et directeur-fondateur du Festival Bach de Toul. Il dirige également le label « Quantum » et produit un CD de trois de mes oeuvres pour orchestre : « Vers un espace déchiré », « Huit préludes symphoniques », et « Souvenir du présent ». Pascal Vigneron, d’une grande culture et connaissance de l’orgue, voue à Bach une vénération sans limite. C’est alors qu’il me propose d’écrire pour le Festival, une œuvre pour grand-orchestre d’harmonie sur le thème de la « Passacaille » pour orgue du même Bach. Ce fut fait, et l’œuvre « Unermesslich und ruhig » sera crée en 2016 par le Grand Orchestre d’Harmonie de Saverne à Toul et à Saverne, sous la direction d’Alexandre Jung.

 

  Maintenant, une merveilleuse rencontre s’est produite il y a trois ans, en 2015, c’est celle avec le flûtiste François Veilhan, qui découvre ma première et deuxième « Méditation » pour flûte seule. Grâce à lui, depuis, par son travail et son approche subtile de ma musique, existent sous son impulsion six « Méditations » pour flûte, flûte en sol, piccolo et flûte basse. Les 3 premières sont éditées aux Editions Durand sous forme de Triptyque.

Une collaboration fructueuse est en train de voir le jour et se concrétise avec des projets ambitieux.

Nous partageons les mêmes goûts pour des musiciens divers mais aussi pour des auteurs comme Jean Giono, Jean-Jacques Rousseau, pour lesquels nous avons une passion commune.

 

  En dehors de la musique, mes rencontres avec des écrivains, des poètes, des metteurs en scènes, des comédiens, des scientifiques, des cinéastes, des chorégraphes, ont été capitales.

En 1991, le metteur en scène Serge Noyelle me commande l’écriture de l’Opéra d’un songe « Sang pour Sang » pour le Théâtre de Châtillon, sur un livret de Marion Coutris, puis c’est au tour de la scène nationale La Ferme du Buisson, commande d’Ile de France Opéra et Ballet, pour laquelle j’écris « C’est la faute à Werther » sur un livret de Christine Laurent mis en scène par Christian Gangneron, avec l’Ensemble Ars Nova dirigé par Philippe Nahon. Cet opéra sera donné dix fois à Paris et en région parisienne.

 

  Entre temps, en 1999, je cofondrai avec le pianiste François Kerdoncuff, en tant que directeurs artistiques l’Ensemble ARTEDIE, dont nous confierons la direction musicale à Teresa Ida Blotta. Ensemble à géométrie variable qui ira du duo jusqu’à vingt musiciens et pendant plus de dix ans, fera des créations de musiques écrites de plus d’une cinquantaine d’œuvres de compositeurs, participera à des enregistrements pour Radio-France, et donnera des concerts en région parisienne, à Paris à l’auditorium Saint-Germain, ainsi que rue de Paradis, puis à l’étranger, (Italie-Rome, Crotone, Espagne-Bilbao, Festival BBK-Fondation Guggenheim.)

 

  Toujours présentes avec moi, en moi, mes préoccupations seront la méditation sur le temps, l’après, la contemplation, l’univers, la place de l’être humain, les déchirements, les guerres, l’écologie, l’humour, le rêve, la tristesse, la joie, les débordements, le posthume, l’anthume. Puis je me pose la question du devenir ou comment vont évoluer dans notre société et quelle place auront la musique Classique et Contemporaine, celle du Jazz, des Musiques Traditionnelles, de la Musique Sacrée.

  Irons-nous vers une nouvelle tonalité, un retour au dodécaphonisme, au sérialisme, à la musique répétitive, ou irons nous plus vers une appropriation de tous les types de matériaux et de modes connus et accumulés depuis cette longue histoire qu’est celle de la Musique.

La constatation est que la musique ou plus exactement la composition musicale perd de plus en plus (et même a perdu) son côté « Ecole » au profit d’un sens donnant sa part entière aux individualités les plus diverses.

Patrice Fouillaud 2018

Méditation 3 - François Veilhan
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